Nous avons documenté
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CAS DÉCLARÉS
516
VICTIMES
Si vous êtes au courant d’un cas italien qui n’a pas été signalé ou si vous souhaitez ajouter de nouvelles informations à celles qui sont déjà publiées, vous pouvez nous écrire à l’adresse e-mail: [email protected]
Nous rappelons que la présomption d’innocence est valable pour tous jusqu’à ce qu’une éventuelle condamnation soit prononcée à titre définitif, c’est-à-dire jusqu’au résultat du troisième degré de juridiction émis par la Cour Suprême de Cassation italienne
La base de données du journal Left qui documente les cas de violence sur mineurs dans l’Eglise catholique italienne est la première à être réalisée par un organe de presse en Italie.
LA PEDOPHILIE DANS L’EGLISE CATHOLIQUE. LES CAS ITALIENS
Ce système d’archivage est en ligne depuis vendredi 18 février avec les premiers 61 cas recensés (incluant prêtres dénoncés et prêtres condamnés à titre définitif), et 182 victimes (présumées/avérées). Cependant – il est entendu que la présomption d’innocence est valable pour tous tant que la condamnation n’a pas été prononcée – plus de 300 affaires ont déjà été soumises à une vérification et sont en cours de publication.
Projet de Federico Tulli.
Pour définir la violence d’un adulte sur un enfant, les psychiatres et psychothérapeutes parlent d’ « homicide psychique » Et pourtant, l’Italie est le seul pays au monde où l’Eglise et les institutions laïques (Gouvernement, Parlement) n’ont jamais voulu conduire une enquête à l’échelle nationale pour mettre au jour un phénomène criminel malheureusement répandu dans toute la Péninsule, et ce au moins depuis plusieurs décennies.
Depuis longtemps, nous, journalistes de Left, demandons que soit instituée une commission parlementaire d’enquête sur la pédophilie dans l’Eglise italienne, à l’instar de la très importante commission, déjà active, sur le féminicide. Mais jusqu’à présent notre appel est resté, on peine à le croire, sans réponse.
Nous souhaitons ainsi remédier à ce grave manque d’informations sur le sujet grâce à notre système d’archivage en ligne. Un manque qui est aussi la marque d’une inacceptable négligence de la part de la politique et des institutions à l’égard de la sécurité et de la santé psychophysique des enfants.
Réalisée sur la base de sources originales, de sources d’agence et journalistiques, la banque de données indique, quand il est possible de le rendre public, le nom du prêtre dénoncé/condamné, le crime dont il est accusé, le nombre connu des victimes, l’année où a été commis ledit crime, la date à laquelle l’affaire est devenue publique, le diocèse d’appartenance, l’éventuelle sanction canonique subie par l’ecclésiastique.
Un compteur tiendra à jour le nombre des prêtres impliqués et de leurs victimes et une partie du site sera consacrée à l’archivage des sources journalistiques et des documents qui certifient la plainte, l’enquête, l’éventuelle évolution de la procédure et l’éventuelle condamnation à titre définitif du coupable.
L’objectif est de fournir à l’opinion publique italienne un tableau d’ensemble de la situation nationale pour faire pression sur la politique et les institutions afin qu’elles mettent en œuvre toutes les mesures nécessaires pour prévenir de nouvelles violences – on sait que la pédophilie constitue un crime sériel – et pour garantir toute l’assistance psychologique nécessaire aux victimes.
Le système d’archivage sera également accompagné d’enquêtes, d’interviews, d’analyses et de pistes de réflexions apportées par des experts de différentes disciplines pour expliquer et vulgariser en un langage clair ce qu’est la pédophilie, en particulier la pédophilie d’origine ecclésiastique, qui est le pédophile, quels sont les conséquences pour la victime, que faire si on apprend qu’une violence présumée a été subie par un enfant, à qui s’adresser et à qui NE PAS s’adresser pour porter plainte.
Et encore, toujours à titre d’exemple, nous raconterons de quelle manière le Concordat entre l’Etat italien et l’Eglise catholique interfère avec l’action publique des magistrats, et nous ferons le point sur l’application de la Convention de Lanzarote et sur les violations dont l’ONU accuse l’Italie à propos de la Convention sur la protection de l’enfance et de l’adolescence.
Dans les dernières semaines, l’Espagne elle-même a reconnu qu’il était impossible de continuer à nier l’horreur, notamment grâce à l’impact d’une imposante enquête du quotidien El País, qui était partie, non sans raison, de la réalisation d’une banque de données publiée sur leur site. Les enquêtes qui ont ébranlé la France et l’Allemagne ces derniers mois ont abouti au même résultat que toutes les investigations réalisées durant les quinze dernières années dans presque tous les pays du monde à forte présence catholique : Irlande, Etats-Unis, Australie, Belgique, Pays-Bas, seulement pour en citer quelques-uns.
Il a en effet été établi que la pédophilie est un phénomène endémique dans l’Eglise catholique. Il n’y a qu’en l’affrontant à visage découvert, sans détours, sans arrière-pensées, avec l’objectif unique de mettre au jour une fois pour toutes le problème, et en ayant clairement en tête ce qu’implique pour un enfant d’être violé par un adulte en qui on l’a persuadé qu’il pouvait avoir confiance, qu’il est possible de l’éradiquer d’un milieu qui, pendant des décennies, et peut-être même pendant des siècles, a pensé avant tout à préserver l’image publique de l’institution religieuse des scandales qu’elle aurait difficilement su justifier.
C’est notre journaliste Federico Tulli, auteur de nombreuses enquêtes publiées dans Left et de plusieurs livres sur ce sujet, qui se chargera de tenir à jour la banque de données, en s’appuyant sur des témoignages directs, des documents originaux, des sources journalistiques, mais aussi sur les contributions d’experts de différentes disciplines –psychiatres, psychologues, psychothérapeutes, avocats, historiens, magistrats,– et grâce à la collaboration de la seule association à but non lucratif italienne qui s’occupe de la protection des droits des victimes et des survivants de viols d’origine ecclésiastique – Rete L’Abuso. C’est grâce aux précieuses archives de l’association fondée par Francesco Zanardi en 2010 s’il existe aujourd’hui une première cartographie des crimes pédophiles dans les diocèses italiens: il en ressort qu’au moins 300 prêtres ont été dénoncés dans les vingt dernières années. Nous sommes décidés à aller jusqu’au bout de ces affaires et à vérifier s’il y en a d’autres, une possibilité qui n’est malheureusement pas à exclure, nous le savons déjà.
Traduzione a cura di Catherine Penn
Si vous êtes au courant d’un cas italien qui n’a pas été signalé ou si vous souhaitez ajouter de nouvelles informations à celles qui sont déjà publiées, vous pouvez nous écrire à l’adresse e-mail: [email protected]